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Sultan Sooud al-Qassemi discute avec Gilles Kepel de Constructing Sharjah, l’histoire de l’évolution de l’structure moderne dans la troisième plus grande ville des Émirats arabes unis

Gilles Kepel: Notre invité ce mois-ci est le chroniqueur et chercheur émirati Sultan Sooud al-Qassemi, fondateur de la Barjeel Artwork Basis, co-auteur et co-éditeur du livre Constructing Sharjah, en collaboration avec Todd Reisz. Sultan s’est intéressé à l’artwork et à la tradition très jeune, lorsqu’il est venu à Paris étudier l’économie et la finance. Il a alors saisi cette opportunité pour visiter nos nombreux musées, au level qu’aucune exposition ou galerie d’artwork ne lui était étrangère. En plus de son anglais parfait et de son arabe natif, il maîtrise très bien le français. De retour chez lui, Sultan a commencé à s’intéresser en particulier aux cinquante dernières années, du début des années 1970 à aujourd’hui. Une époque à laquelle, pour citer l’introduction de son ouvrage dont nous discutons aujourd’hui, “[…] les habitants de cette terre [ont] abandonné les areesh, ou huttes en palmes, et les maisons en briques de boue, avant l’avènement des excursions de verre et d’aluminium du XXIe siècle[…].”

Pour m’acclimater au livre et à la imaginative and prescient de son auteur, j’ai passé du temps à Charjah la semaine dernière et j’ai saisi cette opportunité pour visiter la assortment Barjeel où Sultan Sooud al-Qassemi a rassemblé plus d’un millier de tableaux de la région, la plupart d’entre eux peints par des artistes actifs durant ces cinquante années écoulées.

Mais commençons par regarder une brève introduction à cette assortment en compagnie de la conservatrice de la galerie, Dr. Suheyla Takesh, également contributrice de Constructing Sharjah.

Dr. Suheyla Takesh: Les œuvres d’artwork que nous pouvons voir ici ont été produites dans les années 1950 par des artistes irakiens, Shakir Hassan Al Stated et Jawad Saleem, qui étaient les cofondateurs et les coauteurs du Manifeste du Groupe de Bagdad pour l’Artwork moderne dans lequel ils commencèrent à identifier et à définir ce à quoi un artwork moderne nationwide devait ressembler, ce qu’il constituerait. Le however déclaré de ces peintres était de fusionner des idées de la modernité internationale avec une histoire et des héritages locaux.

Gilles Kepel: Cher Sultan Sooud al-Qassemi, bienvenue dans notre émission aujourd’hui. Alors que je visitais l’exposition de la assortment Barjeel à Charjah après avoir lu votre livre Constructing Sharjah, j’ai été frappé de voir à quel level les œuvres d’artwork que vous avez si patiemment rassemblées et les contributions de l’ouvrage partageaient en fait des buts parallèles.

Tout se passe comme si vous étiez en prepare de rendre justice à cette période décisive de la modernité sur la côte arabe du Golfe et de reconsidérer les processus culturels à l’œuvre, qui semblent aujourd’hui complètement effacés par le rythme extrêmement rapide de la globalisation. Les bâtiments que vous avez photographiés dans l’ouvrage en témoignent : la plupart ont été démolis.

Nous verrons plus tard qu’on assiste cependant à une rémanence de certains, que j’ai pu capturer avec mon smartphone la semaine dernière.

Pourriez-vous mettre à jour nos auditeurs sur ce phénomène ?

Sultan Sooud al-Qassemi: Tout d’abord, je vous remercie, Gilles Kepel, de me recevoir et je remercie l’équipe formidable d’Al Monitor à laquelle j’ai été un contributeur pendant de nombreuses années. Je suis un grand admirateur de ce média et de ses publications.

J’ai l’impression, Professeur Kepel, que la boucle est bouclée.

Dans les années 1990 j’étais aux Émirats arabes unis et je m’envolais vers la France pour apprendre la tradition française et l’artwork français. En 2021, vous êtes un Français venant à Charjah pour parfaire vos connaissances sur l’artwork arabe ! Cet échange s’est déroulé sur trois décennies, entre mes études à Paris, mon retour à Charjah et la création d’une assortment qui a pour vocation d’introduire le monde à la tradition arabe, tout comme les musées que j’ai visités – le Centre Georges Pompidou, le Musée d’Orsay, le Louvre – m’ont introduit à la tradition occidentale. C’était avant la globalisation…

Je pense que vous avez raison, il y a des parallèles entre le livre Constructing Sharjah et la Fondation Barjeel. Tous deux sont concentrés sur la période moderne, la période des années 1960, 1970 et 1980 et, dans de nombreux cas, ces périodes ont des éléments communs comme : ce sont des périodes de post-indépendance. Les deux mouvements, les deux périodes de temps sont composés d’éléments de formation d’une identité nationale. On retrouve donc le reflet d’un sentiment d’identité nationale à travers l’artwork mais aussi à travers l’structure. Ce qui m’intéresse particulièrement, c’est la modernité du monde arabe de l’après-guerre, que ce soit à travers l’structure, l’artwork mais aussi la littérature, la musique et la poésie.

Gilles Kepel: Une selected est également frappante dans votre livre : l’affect de la modernité irakienne avant les années 1950 à Charjah. C’est un phénomène qui a d’abord été ressenti au Koweït, pays qui a en quelque sorte précédé les États de la Trêve dans leur voie vers l’ouverture au reste du monde.

Pourriez-vous nous expliquer – je crois que vous étiez à Bagdad il y a quelques jours – ce qui était si spécifique au sein de cette modernisation irakienne dans le Moyen-Orient du XXe siècle par rapport au processus qui prenait place simultanément en Égypte, par exemple, et duquel nous sommes bien plus familiers ? Remark cela a-t-il façonné Charjah et les Émirats adjacents ?

Sultan Sooud al-Qassemi: C’est une excellente query. Je pense bien sûr que Charjah et ce que l’on connaît aujourd’hui sous le nom d’Émirats arabes unis sont des produits de leur environnement. Nous sommes voisins de grandes civilisations, dont la Perse, l’Inde, la Mésopotamie bien sûr, et d’autres civilisations autour de nous. Nous avons échangé pendant des siècles avec elles. Nous avons échangé des idées, des biens et même des êtres humains au sens où les gens se sont déplacés et ont migré d’une rive à l’autre du Golfe. Cela s’est déroulé non seulement avec l’Irak mais aussi avec la Perse et l’Inde : c’est le cas de ma famille, par exemple, qui vivait en Inde au milieu du XXe siècle.

Pour répondre à votre query à propos de l’Irak, ce pays a en fait joué un rôle necessary dans la modernisation des Émirats. Le secrétaire privé du souverain de Charjah au tournant du XXe siècle était un immigré venu d’Irak et c’est lui qui a documenté Charjah au tournant du siècle. Sans cet homme instruit, cultivé et lettré, nous n’aurions pas le même accès que nous avons aujourd’hui à la Charjah des années 1880-1890, jusqu’aux années 1910.

Le fait que Bassorah soit sur la côte du Golfe aide également automotive c’est une route de commerce. Les gens échangent donc de Bassorah au Koweït, à Bahreïn, au Qatar, aux Émirats jusqu’à Mascate et l’Inde. Donc l’Irak, du fait de sa proximité peut-être, a joué un rôle necessary dans la modernisation des pays du Golfe.

Gilles Kepel: Une anecdote personnelle tirée de mon expérience à Paris hier soir vient appuyer votre démonstration de la dimension globale de Charjah.

Alors que je buvais un cocktail au Choose, au cœur du quartier Montparnasse, j’avais votre ouvrage avec moi et le serveur m’a dit : “Charjah ! Y avez-vous été ? Toute ma famille y habite !”. Il venait du Sri Lanka. C’est amusant automotive entre vous qui venez de Charjah pour étudier et apprendre à Paris, moi-même qui vous interroge, le chaînon manquant était cette personne au Choose dans le quartier de Montparnasse.

Plus tôt, avant que Dubaï ne décolle à ce rythme impressionnant et ne devienne une sorte de model post-moderne et arabe, qui ne cesse de s’agrandir, de la ville de Quartz – pour faire référence au titre du fameux livre de Mike Davis qu’il a écrit en 1990 à propos de Los Angeles et de ses fouilles sur l’avenir de cette ville –, Charjah a semblé pouvoir devenir le hub des Émirats arabes unis. Le premier vol d’Air France vers les Émirats était d’ailleurs un sans escale de Paris à l’aéroport de Charjah. Puis les développements de Charjah ont pris une autre course par rapport à sa voisine.

Que s’est-il passé ? Était-ce une décision des Britanniques de renforcer Dubaï, était-ce un choix de la famille souveraine à Charjah ? En 1985, comme vous le documentez dans votre ouvrage, l’alcool fut soudainement interdit. Et vous représentez de manière saisissante les fermetures soudaines et rapides des bars et des boîtes de nuit dans votre ouvrage. Cela fut suivi par l’exigence que l’structure de Charjah preserve ce que vous appelez une perspective “islamique”. Aujourd’hui, lorsque l’on conduit de Dubaï à Charjah, le contraste à la frontière invisible en termes de marqueurs entre Dubaï et Charjah est immédiatement seen, les gratte-ciel ont un facet différent.

De plus, Charjah se vantait d’avoir certaines des universités les plus avancées dans les Émirats arabes unis, en particulier son université américaine avant que NYU et la Sorbonne n’ouvrent à Abu Dhabi. Pourtant, dans l’ensemble, lorsque l’on parle de Charjah aujourd’hui dans les Émirats, dans la communauté expatriée notamment, elle est d’abord et avant tout vue comme la banlieue dortoir de Dubaï. On sait d’ailleurs qu’il faut éviter les embouteillages liés au trafic pendulaire le matin et le soir.

Pourriez-vous nous aider à comprendre ce contexte historique et ce devenir, dans la perspective de votre livre ?

Sultan Sooud al-Qassemi: C’est une query très dense mais je vais essayer de la décortiquer et d’y répondre de la manière la plus juste potential.

Laissez-moi dire qu’il est d’abord necessary de comprendre le contexte de n’importe quelle ville, région ou pays quand on essaie d’analyser ou quand l’observateur profane essaie de comprendre le récit historique.

En ce qui concerne le développement de Charjah, l’Émirat était en effet réellement avancé dans les années 1950, 1960 et même 1970 du fait d’un grand nombre de facteurs.

En premier lieu, la présence britannique. Les Britanniques avaient bien sûr construit un aéroport, ils avaient leurs propres cliniques, leurs propres cinémas. Ils avaient donc des vestiges de la modernité, bien que ces vestiges fussent presque seulement ouverts aux Britanniques. Ils n’étaient pas ouverts aux locaux, et les moments où ces derniers étaient autorisés dans les cinémas, par exemple, étaient très rares. Par la suite, dans les années 1950 et 1960, il y eut une compétition venue d’Égypte, du Koweït et d’autres events de la région dans le however d’influencer Charjah, automotive il s’agissait d’un Émirat stratégiquement necessary dans la partie basse du Golfe, du fait de sa inhabitants instruite, de la présence des Britanniques, des infrastructures et de beaucoup d’autres raisons historiques.

Mais Charjah fut victime de son propre succès au sens où l’attraction des Égyptiens vers la ville poussa les Britanniques à interférer encore plus, notamment en cherchant à remplacer quiconque était au pouvoir dans les années 1960. Ils cherchèrent activement à changer le souverain en place. Les habitants de Charjah furent donc victimes de leur propre succès en ce sens que les gens s’intéressent à vous une fois que vous réussissez et que vous prenez de l’significance stratégiquement. Cela vaut pour n’importe quel pays au monde.

Concernant l’interdiction de l’alcool, je pense qu’elle doit être comprise dans le contexte régional. À partir de 1979-1980, un sure nombre d’événements bouleversèrent la région, que ce soit la révolution iranienne, l’invasion de l’Afghanistan par les Soviétiques, la prise d’otage de la Grande Mosquée d’Haram Al-Shérif à la Mecque et beaucoup d’autres encore qui poussèrent un grand nombre de pays dans la région à être un peu plus conservateurs. C’était manifeste dans des pays comme le Yémen, le Pakistan, le Koweït et même au Qatar, où les populations devenaient de plus en plus conservatrices. Je pense que, dans le cas de Charjah, la ville a décidé de prendre la mesure radicale d’interdire totalement l’alcool. Je pense qu’au niveau native, au moins chez les ressortissants des Émirats, cette mesure fut bien accueillie. Mais elle affecta en effet l’économie des Émirats, notamment dans le secteur du développement hôtelier où l’on se demandait : “Devrais-je vraiment construire un hôtel où je ne pourrais pas vendre d’alcool ?”.

Cette mesure d’interdiction a certes pu affecter l’économie de Charjah dans un premier temps mais j’ai l’impression que, par la suite, la ville a réussi à trouver sa voie.

Son économie est particulièrement dynamique. Elle est certes plus petite que Dubaï ou Abu Dhabi, le pétrole y a été découvert bien plus tard, le gaz également, et à cela s’ajoutent des raisons géostratégiques ou géopolitiques. Mais si l’on regarde l’économie de Charjah aujourd’hui, elle dépasse les 32 ou 33 milliards de {dollars}. En quantity, cela représente plus que l’économie d’un État comme le Vermont aux États-Unis – un État certes petit mais très développé de la côte Est. Nous pesons également davantage économiquement que de nombreux pays dans la région, notre plus petite taille par rapport à Dubai et Abu Dhabi n’est donc pas un désavantage.

Charjah se développe à son rythme. Et c’est le rythme que l’émir a choisi pour cette ville et auquel tout le monde s’est adapté. Ma famille d’investisseurs a par exemple beaucoup bénéficié de l’immobilier, du système bancaire, assurantiel et nous n’avons pas vu les impacts très négatifs de la décision que vous évoquiez. Comme je l’ai dit, il s’agit peut-être d’un impression à moyen ou à court docket terme, en particulier quand ces grands hôtels ont réévalué leurs plans mais il me semble qu’aujourd’hui de nouveaux hôtels arrivent à Charjah, l’Émirat ciblant le tourisme familial, un ensemble plus spécifique de touristes que ce que l’Émirat voisin de Ajman ou l’Émirat voisin de Dubaï ont pu faire.

Gilles Kepel: Vous mentionnez également dans votre ouvrage qu’on assistait, dans le même temps, à une sorte de tournant en termes d’structure. Le voyageur sait qu’il arrive à Charjah à “l’facet islamique” des gratte-ciel. La ville a en quelque sorte capté des éléments du langage architectural islamique que l’on ne retrouve pas dans les gratte-ciel de Dubaï.

Pourriez-vous mettre cela en perspective avant que nous nous tournions vers la période contemporaine ?

Sultan Sooud al-Qassemi: Le tournant de Charjah vers une structure islamique a commencé dès la fin des années 1970 pour être gravé dans le marbre de la loi une décennie plus tard. Il procède d’un encouragement politique délibéré : un architecte fut missionné pour élaborer des bâtiments comme le magnifique aéroport de Charjah, qui tire son inspiration des dômes islamiques et des minarets. Ce bâtiment fut célébré par de nombreuses personnes dans la région du fait de la manière dont il tirait son inspiration de l’structure islamique.

À partir de 1986-1987, cette pratique fut codifiée. Les municipalités publièrent des paperwork qui étaient dirigés non pas vers les propriétaires fonciers mais vers les entreprises architecturales ayant des permis pour opérer à Charjah. “Si vous voulez vous assurer que votre design ne va pas être rejeté, assurez-vous ou essayez de concevoir un bâtiment qui tire son inspiration de l’structure islamique”. Voilà en substance ce que l’on pouvait y lire. Un information de ce à quoi l’structure islamique devait ressembler fut même produit. C’est donc un premier exemple d’un modèle quasiment top-down, expliquant aux architectes ce qui devait être entendu par “structure islamique”.

Si l’on regarde ces paperwork, on constate qu’une half importante est inspirée par l’structure du Caire. J’ai l’instinct que la raison en est que le souverain de Charjah lui-même avait étudié cela en Égypte dans les années 1960. À l’instar de ce que vous évoquiez à propos de l’inspiration que j’ai tirée de mon temps passé à Paris, n’importe qui est inspiré par le temps qu’il a passé à étudier à l’université. Ce n’est qu’une supposition de ma half mais je pense qu’il existe un lien entre cet élément biographique et la forme que la ville a prise.

Gilles Kepel: Ce serait donc presque la revanche du Caire contre Bagdad pour le rôle de précurseur de la modernité ! Citons une autre phrase de votre introduction : “Nous avons cherché à capturer une époque qui semblait autrefois sturdy mais qui s’est désormais avérée éphémère”.

Avant que vous ne répondiez, regardons la petite vidéo que j’ai tournée la semaine dernière à Financial institution Road, cœur battant de la ville moderniste dans les années 1970 et aujourd’hui, sinon abandonnée, du moins périphérique et marginalisée. À Financial institution Road, beaucoup de bâtiments modernistes des années 1970 sont vides et désertés, des bureaux autrefois dynamiques sont à louer avec des panneaux de banques arrachés ayant seulement laissé leur ombre sur le béton.

Jetons un coup d’œil à cette ère d’une certaine manière nostalgique de Financial institution Road dans cette petite vidéo.

Vidéo : [Voici Bank Street, ou feu Bank Street devrait-on dire dans la mesure où la plupart des banques ne fonctionnent plus maintenant et où les bâtiments sont tous à louer.]

Que vous encourage cette vidéo ? Qu’avons-nous perdu avec la perte de ces bâtiments ?

Sultan Sooud al-Qassemi: La vidéo, et d’autres que je vous ai vu filmer, m’ont en fait rendu optimiste. J’y ai vu un signe : au lieu de lire “à démolir” sur les pancartes, cela disait : “à louer”.

Je pense que c’est ce à quoi nous devons prêter consideration dans les Émirats arabes unis, à Charjah en particulier : réutiliser ces bâtiments, ces constructions modernistes et les sauvegarder autant que potential. Je comprends que ce n’est pas toujours potential de le faire. Charjah et les Émirats sont à mon avis encore une fois victimes de leur succès. Du fait de l’urbanisation rapide, il y a une pression à démolir des bâtiments à trois ou quatre étages pour construire des bâtiments à dix, vingt ou même trente étages parce que les gens veulent vivre plus près du centre-ville, ils veulent avoir accès à certains centres commerciaux et à certaines avenues. Je me sens un peu plus optimiste, depuis les deux ou trois dernières années, parce que des lois ont été promulguées à Dubaï et qu’une autre en préparation devrait passer en 2022, élaborée par le gouvernement fédéral afin de protéger certains de ces bâtiments.

Pour répondre au sujet de ce que nous avons perdu, je pense que nous avons perdu des vestiges de notre passé récent.

Je pense qu’il est necessary de voir ces bâtiments comme les réactions immédiates à l’afflux de l’argent du pétrole. Qu’avons-nous fait dans les années 1960, 1970, 1980 ? Nous avons construit ces constructions, nous avons engagé ces architectes qui sont venus de France, de Turquie, du Japon, d’Inde et d’ailleurs. Qu’ont-il produit ? Ces magnifiques bâtiments, et je pense que nous perdons beaucoup en les perdant tous. Peut-être que la bonne selected à faire serait de trouver un équilibre entre la destruction et la building. Un dicton dit : “Le bâtiment le plus vert est un bâtiment debout”. Si nous voulons parler de durabilité – comme le contexte de transition écologique nous y contraint – il faut commencer par parler de réutilisation des bâtiments existants.

Gilles Kepel: À ce propos, regardons une autre vidéo, tournée l’an dernier celle-ci.

Le livre documente la résilience de la société indigène des marchands, des plongeurs de perles qui traversent les eaux du Golfe dans leurs embarcations pour atteindre l’autre rive, le côté perse. Dans les photographs du présent, toutes les embarcations s’amoncellent dans la crique de Charjah surplombée par les bâtiments modernes des années 1970 et l’hôtel Radisson qui termine ce petit panoramique.

Le souverain de Charjah, que j’ai rencontré un sure nombre de fois, m’a toujours dit qu’il était très désireux de garder un lien fort à la Perse et à la tradition perse.

Dans quelle mesure, dans un temps où, bien sûr, les relations entre les deux rives du Golfe sont pour le moins compliquées, la tradition perse a-t-elle contribué à la formation de l’identité des États de la Trêve ?

Sultan Sooud al-Qassemi: C’est une excellente query. Je pense qu’il n’y a aucun doute que ces échanges d’idées, de pensées, de tradition, de nourriture et de musique ont été accélérés des deux côtés du Golfe. Le chemin le plus rapide dans le Golfe jusqu’à il y a trente ans n’était pas le désert mais l’océan, la mer. Nous étions capables de traverser, presque quotidiennement entre le Golfe inférieur et le Golfe supérieur, les cantons arabes du Golfe et les cantons persans de la côte nord du Golfe.

Je pense que, l’Iran étant une civilisation et un pays importants dans la région, il a également énormément contribué en termes d’structure. Si vous pensez à la conception, aux constructions, que vous voyez les villes et que vous étudiez la partie inférieure du Golfe, alors oui, un grand nombre d’entre elles ont tiré leur inspiration d’éléments locaux. Mais certaines ont été inspirées par des motifs iraniens distincts comme le paon que vous voyez réfléchi par un grand nombre de vitres apparentes des maisons.

Même le nom de ma fondation, la fondation d’artwork Barjeel est un mot persan arabisé, c’est un mot farsi qui signifie “tour à vent” ou “tour à vent”, un élément architectural iranien necessary. Dans le Golfe, nous l’avons arabisé et l’avons transformé en “Barjeel”. Pour moi, cette expression rassemble de nombreuses facettes de la vie auxquelles je suis intéressé : la dimension régionale, l’structure, la tradition… J’ai senti que tout cela pouvait être résumé dans l’idée du Barjeel.

La nourriture, la musique, la tradition iraniennes, un grand nombre de mots que nous utilisons dans le Golfe sont des mots persans – qu’il s’agisse de termes de marine ou de mots qu’on utilise dans la delicacies ou au marché.

La même selected est vraie dans le sens inverse. Les Iraniens lisent leur Coran et prient en arabe. Si vous y pensez, c’est le langage que tous les Iraniens doivent connaître. Et il est venu de la péninsule arabique. Cet échange d’idées remonte donc à quatre mille ans au moins.

Gilles Kepel: En guise de conclusion, je voudrais vous remercier et finir en souhaitant longue vie à la Fondation Barjeel !

Le mois prochain, nous resterons dans la péninsule arabe mais en se déplaçant plus loin à l’Ouest et mon invité sera le prince Alfaisal Al Saud à l’event de la publication de ses mémoires d’Afghanistan, The Afghanistan File.

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